Ouverture !!!

Ama recula lentement et admira le boulot qu'ils avaient tous faits.
Bureau, Tables, Bibliothéques et étagères étaient rutilantes, pratiquement neuves.
Avec une fierté non dissimulée, Ama saisit la pancarte placée derrière la porte et la retourna. " Open", y était-il marqué.

Hé ben voilà...

La ménagerie était prête...enfin. S'avançant vers la seule fenêtre de cette pièce, Ezequiel jeta un rapide coup d'oeil à l'extérieur, et s'aperçut que le temps avait totalement changé. Il ne faisait plus ce soleil radieux qui réchauffait le cœur rien qu'en léchant la peau de ses rayons ardents. Le gris avait pris place, offrant comme spectacle un ciel larmoyant et de gros nuages de colère.
L'euphorie de la demoiselle descendit en flèche.

" Il manque un peu de joie dans cette vielle...Et dire que c'est le jour de l'ouverture, il serait domage de le célébrer sous la flotte."

Se dirigeant vers la porte où se trouvait Ama, la jeune femme la contourna et se plaça à l'extérieur. La pluie vint lui lécher les vêtements - elle fut rapidement trempée. Mais cela lui importait peu. Le regard perdu, ses yeux changèrent rapidement de couleur et devinrent blancs comme la neige et ses cheveux souvent emmellés se mirent à voleter assez vigoureusement, alors même qu'il n'y avait aucun vent.
A cet instant, une ouverture se freya au milieu des nuages, comme si quelqu'un jouait avec eux, et la pluie se stoppa net. Un rayon de soleil transperça la noirceur de ce triste jour, et rendit le ciel ausssi azuré que beau. Il était nu de tout nuage et offrait à présent une magnifique journée ensoleilllée et joyeuse, s'accordant parfaitement avec la joie de ces quatres jeunes qui venaient de terminer un long travail.
Les cheveux d'Ezequiel arrêtèrent de danser dans le vide et, lorsque celle ci se retourna vers Ama, ses yeux avaient repris leur couleur d'origine, comme si jamais ils n'étaient devenus blafards.

" Et voila. L'ouverture de ton magasin pourra se passer sous l'oeil bienveillant du soleil, ce qui annonce un bel avenir à ta boutique."

A ces mots, elle fit un clin d'oeil à sa nouvelle amie? et rejoint les deux autes dans la pièce. Néanmoins, Ezequiel nota d'un coup d'oeil hasardeux qu'un vase avait été oublié. S'approchant de lui, elle l'attrapa, s'empara d'un chiffon et s'apprêta à le frotter afin de retirer toute la poussière lorsqu'elle la reconnut...

" Ama,il n'est pas dangereux de laisser une lampe de génie dans ta boutique? demanda-t-elle alors tout en la reposant à l'endroit où elle l'avait trouvé. Des gens pouraient l'acheter et faire des voeux regrétables..."

Une lampe de génie ? Où ça ?

Elle prit la lampe des mains de son amie et la regarda attentivement.

Ah, mais non, c'est une lampe normale... Elle était listée dans l'inventaire. Il paraîtrait qu'un génie l'habitait, mais il est parti depuis bien longtemps... Regarde.

Elle frotta doucement la lampe.

Tu vois ? Il ne se passe r...

A ce moment précis, une épaisse fumée violette s'échappa de la lampe, qu'Ama lâcha de surprise. Au contact du sol, celle-ci se brisa, laissant la fumée violette prendre forme en un petit homme bossu et malpropre, qui s'affala au beau milieu de la salle.

Dedieu !!!

Il se releva et s'épousseta.

Bonjour, Maître... esse ?

Il la regarda bizarrement, comme si elle allait se transformer en monstre gluant, là, tout de suite, au moment précis où je ( Elle ? Lui ? Qui ça ? Raaaaahh !!) vous parle.

Pardonnez-moi, mais qui êtes vous donc ? Seriez vous... une nouvelle épouse de mon maître ? Si c'est ça, il vous a pris un peu trop jeune... Parce que moi, je dis, une femme ça doit avoir quelques années de plus pour faire une bonne épouse, parce que sinon, il peut y avoir des répercussions lorsqu'elle donnera un héritier au trône, et blablabla, blablabla...

Ainsi, Ama eut la Graaaaaaaaannde et inespérée surprise de trouver quelqu'un qui parlait plus qu'elle. ( Quelle chance !)


[ En relisant ça, y'a un mot qui m'es venu à l'esprit : NOMDEDIOU !!! XD]

Ezequiel laissa Ama en juger par elle même. Le rituel habituel se passa, elle frotta la lampe, et une fumée s'en échappa. Le hic? Ama avait détruit la lampe en la lâchant sous la surprise...

Croisant les bras, la jeune femme tendit le bras gauche vers le génie, montrant qu'elle avait bien raison, avant de lever les yeux au ciel lorsque ce dernier commença à déblatérer sur son maître...

" Qu'est ce que je disais...Et on va en faire maintenant de ce génie? "

Cherchant un objet invisible des yeux, elle aurait aimé trouver une chaussette, ou bien un chiffon...n'importe quoi qui puisse le faire taire. Sa voix résonnait comme un bourdonnement à ses oreilles...Elle qui possaidait déja un mal de crâne...voila qu'elle était servie..
Parlant alors comme à elle-même, Ezequiel qui commençait sérieursement à perdre patience, murmura entre ses dents en reposant son regard sur l'intru qui continuait encore à jacasser:

" Par pitié faites le taire!"

A ces mots, son signe se mit à briller plus fort qu'à l'accoutumé, ce qui eut don de transformer la jeune femme en...homme...

* Et zut...fallait que ça m'arrive maintenant...*

Ama regarda tour à tour le jeune homme qui venait d'apparaître, le génie qui semblait ne jamais devoir s'arrêter, qui n'avait même pas remarqué le changement.
Si on avait été dans un manga, Ama serait devenue toute rouge, et de la fumée se serait échappée de ses oreilels. Mais nous n'en sommes pas dans un manga, et donc Ama réagit de la façon la lus humaine et la plus sage qui soit : elle s'évanouit debout, le doigt tendue pour désigner le jeune homme, avec une raideur comique.
Ben voyons.

Ama sentit quelque chose de mouillé lui tomber sur le visage. Persuadée que l'on venait de la jeter dans une fontaine pour la réveiller, elle se redressa d'un coup, ses lèvres rentrant finalement en contact avec quelque chose de plutôt doux, et plutôt sucrée...
Il y eut un blanc de quelques dizaines de minutes avant qu'Ama ne réalise qu'elle se trouvait beaucoup trop proche du visage d'un jeune homme qu'elle ne connaissait pas, pour que ce soit viable. Elle passa de diverses couleurs : Vert ( Dégoût), Rouge ( Gêne), puis finalement Bleu ( Manque d'oxygène) avant qu'elle ne reprenne ses esprits.
Elle s'acarta d'un coup, le doigt tendu vers le jeune homme qui était apparut, le bras tremblant.

Q-q-q-q-qui t-t-t-t-t'es t-t-t-toi ?????????


[ Hé, je fais bien la fille gênée, nan ?]

Malgré le tournant comique que commençait à prendre la scène, Ezequiel ne rigolait pas. Après tout, il venait de se faire embrasser sans même qu'il ne le désire! C'était d'un frustrant! Alors pour arranger cela, le jeune homme ne prit pas la peine de répondre à Ama. Il lui prit le visage et l'embrassa délicatement, avant de se relever et de dire d'une voix dégagée:

" Voila qui est mieux. "

Puis observant le génie toujours allongé au sol, Ezequiel se dirigea vers les morceaux de vase étalés sur le carrelage, avant de les entasser un par un sur le comptoir. Et enfin il reporta son attention sur la jeune fill et lui répondit:

" Qui je suis? C'est simple. Je suis le double masculin d'Ezequielle. "

Bizarrement, alors que le "premier" s'était passé plutôt difficilement, le "deuxième" fût beaucoup plus doux, et Ama se surprit même à fermer les yeux pour s'imprégner de la magie de cet instant. J'arrête là la description, les romans à l'eau de rose, c'est pas mon truc. Elle respira un grand coup. Et puis...

NON MAIS T'ES PAS MALADE ????

Elle laissa sa colère s'exprimer à peu près n'importe comment, en balancant certains truc à travers la pièce, à taper sur les murs ( Nan, pas la porte, elle se casserait sous le choc... Puis elle se calma et entreprit de bannir cette situation de sa tête.

Bon... Tu as dit que tu étais le... Double... d'Ezequielle ?

Elle s'assit sur une chaise, encore secouée par les événements.

J'vais laisser là les questions du pourquoi et du comment, et je vais poser une question essentielle. Comment on doit t'appeler alors ?

Souriant à la réaction de sa dulcinée ( ma pauvre^^), Ezequiel devint pourtant plus sérieux quant à la seconde question de celle ci. Comment l'appelait-on?...Ben...

" Je ne m'etais jamais posé la question...On ne m'appelle pas...on va dire que je n'ai jamais vécu assez longtemps pour être une personne à part entière. Alors, pour mon prénom...Je n'en ai pas. Et vu que je fais partie d'Ezequielle...si tu ne veux pas t'embarasser, ben tu peux m'appeler pareil."

Suite à cette question le visage d'Ezequiel s'était rembruni. Il ne s'était jamais demandé auparavant qui il était vraiment...s'il était juste une particularité de son hôte, ou s'il avait une personnalité à part entière...s'il méritait un prénom...ect.
Mais bon, il ne préférait pas se poser trop de questions, ou cela pourait être dangereux autant pour lui que pour Ezeqielle. Alors il opta pour changer de sujet.

" Et toi, tu t'appelles comment ma jolie"

Hé, on a pas élevés les vaches ensemble... Pour toi ce sera Ama. Même mieux : Mademoiselle Komarowsky, tu me dois bien ça, après...

Elle posa une main sur sa bouche, et rougit ( Sisi, Ama peut rougir ^^)

Quand je pense que c'était mon premier baiser... Et mon deuxième aussi...
De toute façons ! Ne crois pas que je te pardonnerais si facilement !

Elle se détourna de lui, lui montrant bien qu'il ne l'intéressait pas. Pourtant, ses yeux se perdirent au loin, dans le vague...

"Quoi? Mais j'ai rien fait!! "

Interloqué par la réaction d'Ama ou de Mademoiselle Komarowsky, Ezequiel oublia instantanément les questions du moment. Obervant la jeune fille, son expression était telle qu'il avait la bouche béante et les yeux aussi ronds qu'une balle de golf. Au final, il ne s'attendait vraiment pas à cette réplique.
La voyant lui tourner le dos, il demeura les bras balants, ne sachant que faire dans ce genre de moments. Avant de comprendre qu'il n'aurait jamais dû l'embrasser...Ouais...mais en même temps, elle avait commencé. alors qu'avait-il réellement à se reprocher?

" Bon écoute, dit-il enfin, j'ignore ce que j'ai fait pour te vexer...je ne t'ai pas insulté, ni manqué de respect. Mais bon. Visiblement tu es vexée. Alors j'aimerai seulement m'excuser. "

A ces mots, le jeune homme fit doucement le tour d'Ama afin de pouvoir se retrouvait fac à elle. Puis il la regarda dans les yeux, lui faisant le plus doux regard qu'il sit possible de faire.

" Tu veux bien me pardonner? "

Non.

La réponse était venue si séche et si rapidement qu'elle aurait pu jurer l'avoir vu faire une grimace. Elle se retourna à nouveau et alla à une fenêtre. Le soleil y rentrait, et les rayons lumineux tombant sur ses cheveux dégageait des reflets qui n'avaient rien à envier aux miroirs les plus beaux. ( Quand je m'y mets, ça y va ^^)

Tu ne peux pas embrasser une fille sans lui demander son avis, tu comprends ?

Son humeur s'était considérablement améliorée, et elle se retourna pour le regarder, ou plutôt pour le détailler. Elle resta un long moment là, à détailler le moindre de ses muscles, de ses cils, de ses cheveux, de ses...

ON ARRÊTE TOUT, LA !!! C'est quoi ce romantisme à deux balles ?? Le scénariste n'est qu'un pauvre type !!!

Ok.
C'était le mot. Pour une fois qu'il pouvait avoir une conversation avec quelqu'un, Ezequiel s'était tout simplement fait rembarrer. Tant pis pour elle. Ce n'était pas son genre d'insister...Ou n'était ce pas le genre d'Ezequielle? Quoi qu'il en fut, ce n'était pas son genre. C'est tout.

Marchant vers une étagère, le jeune homme pria de toutes ses forces que son apparence change enfin, mais pourtant, pour la première fois, rien ne se passa. Il demeura alors crétin, face à cette étagère qui ne livrait que des ouvrages inintéressants sur la vie des insectes.
Tant pis.
Il devait lui faire face.
Se retournant, Ezequiel sortit d'une voix sèche:

" De nous deux, la première à avoir embrassé l'autre, c'est bien toi. Alors tu n'as aucune leçon à me donner."

Un détail lui avait échappé. Ama l'avait embrassé malencontreusement.

Comment ça, je t'ai embrassé ??

La colère d'Ama revint aussi vite qu'elle était partie. De quel droit osait-il ?

Ecoute-moi bien, toi. Ce n'est pas moi qui me suis transformé en garçon sans prévenir ! Ce n'est pas moi qui ai eu l'idée saugrenue d'essayer de noyer quelqu'un pour le réveiller ! Ce n'est pas moi qui ait eu l'idée de me pencher sur ce quelqu'un pour voir ce que ça faisait !

Elle tendit un index accusateur vers lui, en même temps que sa main droite chrchait quelque chose de potentiellement lourd pour lui balancer à la figure. Ses yeux lançait des éclairs et ses cheveux luisaient d'un éclat malsain. ( Sais pas comment elle a réussi ce coup-là ! XD)

Tout ce qui est arrivé, c'est de TA faute, et pas la mienne !

Ezequiel déglutit le reste de salive qui semblait encore demeurer dans sa bouche. Surpris au début par sa réaction, même si au final, il la comprenait très bien, la colère lui monta tout de même à la tête, ce qui se matérialisa par un violent orage qui éclata tout près de la ménagerie.

" C'est bien trop facile de reposer la faute sur les autres, fit-il alors en susurrant afin de contenir un hurlement. Tu crois quoi? que c'est facile de changer de sexe à tout va? Que c'est facile de se retrouver dans la position dans laquelle j'étais? Ezequielle te connais, pas moi! Et même comme ça je suis parvenu à me retrouver face à une ga...fille qui s'est évanuïe presque dans mes bras! comment voulais-tu que je réagisses? "

Fermant soudainement les yeux afin de contrôler sa colère, Ezequiel sembla pourtant parvenir à s'apaiser.
Dehors, l'orage avait fait place à une légère brise.
Prenant une grande bouffée d'air afin de dompter son côté impulsif, le jeune homme reposa enfin son regard flamboyant sur Ama et continua d'une voix un tantinet plus calme...

" Je n'ai pas essayé de te noyer mais de te réveiller tout simplement. Désolé de ne pas avoir trouvé autre chose afin d'y parvenir,(...Son calme s'évapora aussi vite qu'il n'était arrivé et sa voix repartit alors de plus belle) Et je ne me suis pas penché pour voir ce que cela faisait mais pour m'assurer que tu allais bien! Que tu n'étais pas cognée quelque part ou autre! T'aurais préféré quoi? que je te gifle? C'est sûr que le résultat aurait été satisfaisant, au moins j'aurais été sûr que tu te réveillerais et TU AURAIS UNE BONNE RAISON DE ME GUEULER DESSUS!"

A ces dernières paroles, un jet d'electricité s'échappa de ses deux mains et vint frapper deux étagères de plein fouet. Ce qu'il regretta amèrement...même s'il n'en laissa rien paraître.
En fait, son attention était tout ailleurs: Ama la concentrait entièrement.

MAIS C'EST PAS MA FAUTE SI TU TE TRANSFORMES !!!

La colère d'Ama atteignait maintenant son paroxysme, mais à voir les regards que les deux se lançaient derrière leurs éclairs, on aurait pu se demande si ce n'était pas une querelle de couple...

C'EST TROP FACILE DE TE CACHER DERRIERE CA !! DE GUEULER A L'INJUSTICE ET DE TE SERVIR DE TES TRANSFORMATIONS COMME D'UN BOUC EMISSAIRE !!! T'ES VRAIMENT TROP...

Une curieuse grimace vint frapper son visage. La voix d'Ama descendit d'une octave ou deux.

Trop...

Elle tituba et se rattrapa à une table.

Trop con...

La table céda sous son poids, envoyant à peu près tout ce qui se trouvait dessus - Livres-bougies et même un restant de casse-croûteAmatesque ( 'Core plus grand que gigantesque ^^) - par terre. Et Ama suivit le même chemin, s'abattant sur le sol avec un bruit sourd. Sa respiration était halentante et, soudain, elle n'arrivait plus à ouvrir les yeux. Elle avait chaud et froid en même temps... Elle était fatiguée... Très fatiguée...

La scène qui suivit se passa comme au ralentit. Ezequiel, qui fou de rage aurait détruit toute la ménagerie d'un trait si l'envie lui prenait, venait de se métamorphoser. Fou comme un loup il devint aussi doux qu'un agneau et plus affolé qu'une maman cherchant son petit des yeux.
Ama venait de l'insulter, certes, mais elle venait aussi de s'affaler sans raison apparente sur la petite table se trouvant dans son dos. La brisant au passage.
Un millier d'expressions défilèrent sur son visage: la surprise, la peur, l'affolement, et puis...
Ezequiel reprit ses esprits et accourut vers elle, encore une fois...

* Visiblement elle aime bien qu'on vole à son secours *, se dit-il mentalement quand ses deux genoux touchèrent le sol, à ses côtés.
Passant une main délicate derrière sa nuque, et l'autre sous ses genoux, le jeune homme souleva enfin son "amie", avant de la transporter dans l'arrière boutique. Un lit y était entreposé, ainsi que de nombreux accessoirs dont il ignorait l'origine...( un morceau de bois avec pleins de poils notamment --'). La déposant délicatement sur les couverture, il tenta veinement de la réveiller en la secouant, ce qui ne marcha pas plus que la première fois. alors Ezequiel prit une décision.
Quittant d'un pas précipité la pièce, ce dernier agrippa le poignet du génie qui venait de refaire surface, et l'entraîna aux pieds de la mourante (uu).

" Si tu es un génie, tu dois pouvoir la soigner. Je souhaite que tu guérisses Ama de ses maux."

Ce à quoi il n'avait pas pensé ( encore--' décidement ce garçon est un abruti XD) c'est qu'un génie n'obéit qu'à son maître...

Je n'ai pas d'ordre à recevoir de toi !

La réponse fût cinglante et devînt le point de départ d'une dispute qui allait crescendo jusqu'à ce qu'une voix bien connue les interrompent...

Z'avez fini votre bordel ?

Ama se tenait dans l'encadrement de la porte, la main posée sur le cadre comme si elle essayait de se soutenir.
Devant le regard affolé qu'Ezequiel lui lança, elle l'arrêta d'une main :

Stop ! Je vais bien... J'ai juste faim...

Un petit sourire en coin apparut sur son visage au même moment qu'une idée germait dans sa tête.

Va te faire pardonner : va chercher quelque chose à grailler à la Cantine...

Elle se tourna vers le génie :

Et toi, fais quelque chose pour ce foutoir, ça fait désordre...

" Vos désirs, sont des ordres maîtresse"

Se courbant exagérément face à Ama, le génie claqua des doigts, ce qui eut pour effet d'animer toutes les choses non à sa place. Les feuilles se mirent à voleter un peu partout dans la pièce, tandis que les draps du lit se replièrent sur eux même. Le balais même se mit à clopiner avant de nettoyer la poussière étalée sur le sol.
Lorsque Ezequiel vit ce spectacle, la seule réaction qui lui vint à l'esprit fut de s'imaginer aux services de la jeune femme, un tablier à fleurs autour de la taille, et l'appelant maîtresse à tout va, ce qui lui déplut grandement. Notamment pour le tablier.
Et puis elle lui en voulait non? qu'elle lui en veuille alors jusqu'au bout. Au moins elle aurait une bonne raison de lui gueuler dessus.

" Tu veux manger? tu te sers de tes jambes et tu cours jusqu'à la cantine toi même. On t'a dôté de jambes, c'est pour t'en servir non? "

La galanterie avant tout non? Foutaise. Il s'inquiétait pour elle et elle n'était même pas foutu de le voir. Tant pis pour elle.

Ama soupira légérement.

Et tu veux même pas être gentil... Tant pis.

Elle alla à côté du lit et en tira la longue couverture. Puis elle s'installa sur le canapé, s'emmitoufla dans la couverture et se roula en boule.

Tu pourrais quand même me faire quelque chose de chaud, non ? J'ai froid... S'il te plaît...

Et elle lui adressa un pauvre petit sourire.

Devant le spectacle qui s'offrait à lui, Ezequiel ne sut que s'attendrir et succomber à ses charmes. Ce n'était pas un cœur de pierre, juste un tantinet borné, c'est tout.
Alors quand il vit Ama s'emmitoufler dans sa couverture et lui demander de sa voix sucrée quelque chose de chaud, il ne put refuser.
S'inclinant devant elle, résigné, il lui dédia tout de même un maigre sourire sincère, avant de se retourner et de se diriger vers la porte.
Néanmoins, après seulement deux pas, il prononça d'une voix douce:

" Hé le génie! Prends soin d'elle. Si quand je reviens elle est dans un état pire que celui la, je m'occupe personnellement de toi. "

La porte claqua sous l'impulsion de son poignet. Ezequiel se dirigea donc vers l'Académie, puis vers la cuisine, où il y trouva un bouillon de légume tout prêt, n'attendant qu'à être servi. Furetant à gauche, puis à droite afin de s'assurer que personne ne le surprendrait, le jeune homme agrippa un bol, une cuillère, puis servit le tout.
Le bouillon était encore tout fumant, à croire que quelqu'un savait qu'il viendrait. Mais Ezequiel ne se posa pas trop de question, et tout aussi vite qu'il était parti, il revint, un bol bouillant dans les mains.

Poussant la porte d'entrée d'un coup de pied, il s'introduit dans la boutique comme un bourrin en soufflant sur le bol, tentant vainement d'éteindre un feu invisible. Puis, trouvant une table du regard, déposa rapidement le tout...manquant de tout renverser.

" Aouch c'est chaud! " finit-il par lâcher tout en soufflant sur ses doigts rougis.

Regardant autour de lui, le jeune homme chercha Ama des yeux, se rendant alors compte qu'elle n'avait pas bougé d'un poil, avant d'avancer la table vers elle et de lui dire chaleureusement:

" Voila, je pense que cette soupe devrait suffire à te réchauffer et à te redonner un peu de force...et toi le génie casse-toi..."

Ama savoura intérieurement sa victoire. Aucun homme ne pourrait résister à ça, c'était son arme fatale.
Devant le regard indescriptible du jeune homme... ou de la jeune femme, elle avait toujours pas compris... elle entrepris de faire voler la couverture et de déguster avec un enthousiasme évident la soupe qui, bien qu'ayant été trimballée dans tous les sens, n'en demeurait pas moins excellente.

Tu sais drôlement bien les faire, dis ! Mais t'as rien à mettre dedans ? Genre des croûtons...

Elle jeta le bol dans un évier qui se trouvait non loin de là, et posa les mains sur ses cuisses.

Bon, maintenant, parlons sérieusement. ( Enfiiiiin !! J'y croyais plus !!!) Comment ça se fait que tu puisse te changer en fille et en gars ?