Nostalgie dangereuse [PV Ama]

La solitude était son mot d'ordre en ce moment. Tout lui manquait, sa famille, ses amis...sa meilleure amie. Non pas qu'elle regrettait d'être ici. Loin de là. Mais bon...la nostalgie ne l'épargnait pas. Et visiblement c'était loin d'être terminé.
Ayant quitté son dortoir d'un pas précipité, Ezequiel ne vit même pas o^ses jambes la menaient. Elles avançaient à leur guise, sans guide ou autre pour les diriger.
Ce qui fit qu'elle demeura perplexe lorsqu'elle comprit qu'elle se trouvait dans un parc. Un parc magnifique d'ailleurs...toutes ces fleurs de couleur si diverses...Elle se croirait presque dans le jardin de sa mère.
Et voila que ça recommençait.
Marchant d'un pas nonchalant, elle remarqua tout de même un carré de fleurs bleutées. Sublimes, la jeune femme ne sut que s'avançait vers elles et se posait dans un coin d'herbe, attentive à ne pas les écraser. Elles sentaient si bon, semblaient si fraiches...

Mais voila que d'horribles pensées la submergèrent soudain, faisant couler un flot de larmes. Sa meilleure amie lui manquait horriblement. Elle revoyait ces moments magiques passés avec elle, ces éclats de rire qui résonnaient encore à ses oreilles, et les bêtises qu'elles ne cessaient de dire en longueur de journée...

Ezequiel ne s'était pas méfiée. Ces plantes avaient beau être attirantes, elles en étaient aussi malfaisantes, se nourrissant de la tristesse des gens.
Plus la jeune femme pleurait, plus leur bleu scintillait, plus elles resplendissaient.
Recroquevillait sur elle même, la belle ne vit pas la silhouette féminine s'approchait d'elle. Elle ne fit que sentir une force la tirait en arrière afin de l'éloigner de ces plantes pourtant si belles...
Mettant un temps de réaction, elle leva soudain les yeux et observa, les joues humides, la personne qui l'avait dérangé dans son intimité. Puis, en colère, elle lança au milieu de nombreux hoquets:

" Ama mais...qu'est ce que tu fais! T'as...pas l'impression que tu...me dérangeais!"

Passant ses mains sur son visage, Ezequiel essuya les larmes qui roulaient encore, regardant son amie avec insistance, comme si elle attendait qu'Ama ne lui donne une excellente raison pour ce dérangement.

Hé ben... T'es tellement malheureuse que t'as envie de te suicider ? Ca te ressemble pas...

Malgré l'apparente légéreté de cette phrase, Ama savait au fond d'elle-même que, cette fois encore, elle ne pouvait que regarder encore ceux qu'elle aimait souffrir, sans pouvoir les aider. Elle lui tendit une tablette de chocolat.

Tiens, mange. Ca te fera du bien. Ca compense les pertes de moral... T'as eu une peine de coeur ou quoi ?

Elle la regarda à nouveau, puis reporta son attention sur les fleurs bleues, qui étaient beaucoup plus bleues qu'avant, désormais.

C'est vrai, elles sont très jolies, mais elles sont comme les filles : Elles sont jolies à regarder, mais quand tu t'approches de trop près, ça fait mal !!!!!
(Pardon pour cette petite phrase, mesdemoiselles, mais vous l'aurez sans doute deviné, je suis un mec en réalité XD)

Le visage d'Ezequiel ne trahissait à nouveau aucune émotion.

Ce sont des Kléophages. Des fleurs qui se nourrissent de tristesse. Plus tu restes proche, plus tu éprouves de tristesse.

Elle regarda à nouveau son amie, mais aucun changement n'était encore apparu.

Mais qu'est-ce que t'as, à la fin ??

Ezequielle rougit, honteuse de se montrer dans un tel état, avant de repousser une nouvelle fois Ama. Elle n'aimait pas qu'on la voit ainsi, c'était pour cela que la plupart du temps, la jeune femme préférait arborer un masque, n'exprimant aucun sentiment.
Ce qui se renouvela encore aujourd'hui.

" Mêles-toi de tes affaires. Mes problèmes ne te regardent pas."

Elle se retourna, tournant littéralement le dos à Ama. Ezequielle n'était pas méchante. Juste réservée. Et elle n'aimait pas étaler ses problemes à tout le monde.

" Ne cherche pas à m'aider, tu ne pourrais rien y faire...Mais merci pour le renseignement, je ferais plus gaffe aux fleurs qui sont jolies la prochaine fois..."

La miss n'était pas une fille facile, et elle savait le faire sentir...parfois. Ou tout le temps^^ Le secret de sa personnalité? Il faut juste prendre la peine ne creuser plus loin que la carapace de pierre qui encercle son petit coeur de mousse...C'est tout.

Si tu veux faire la tête, vas-y... Je vais pas t'en empêcher... T'auras juste à crever dans ton coin toute seule, comme une solitaire. P't'être même que tout ce que tu gardes en toi enflera jusqu'à faire une infection généralisée... Ou alors tu deviendras folle et tu iras te balader dans la forêt à poil, demandant à tous les voyageurs de passage si ils auraient pas vu ton chat...

Pendant près de dix minutes, Ama cita des cas chirurgicals plus dégoûtant les uns que les autres ( La flemme de tous les citer...), en espérant faire réagir son interlocutrice. Mais rien à faire...

Au bout d'un certain temps, Ezequielle n'étendait même plus les paroles de son amie. Était ce parce qu'elle en avait marre que celle ci essaie de la faire réagir? Ou simplement parce que ses dernières pensées l'avaient totalement déboussolées...
Dans tous les cas, cette dernière demeura statique...jusqu'au moment où Ama impliqua un chat dans ses médisances.
A cet instant, le ciel se rembrunit d'un coup, ne laissant transparaître aucun rayon de soleil. Et si la jeune femme s'était écoutée, un orage aurait éclaté d'un coup...mais parvenant à se calmer, elle ne fit que se retourner vers Ama, et lui dire d'une voix bien trop calme pour la situation:

" Qu'est ce que tu veux à la fin? Que je te livre mes problèmes? Que je te dise pourquoi ces plantes sont aussi facilement parvenues à m'atteindre? Ma mère était malade quand je suis partie, et je ne sais même pas si elle s'en est sortie. Ma meilleure amie me manque! Et mon chat aussi! Le seul véritable ami que j'ai ici est mon double, et encore...il ya des moments où même lui je ne peux pas lui faire confiance! T'es heureuse maintenant?"

Ces mots s'étaient échappés sans qu'Ezequielle ne le désire véritablement. Et ses yeux alors planté dans ceux de son interlocutrice jetés des éclairs. Ezequielle se sentait seule ici...C'était aussi simple que ça.

Ama lui répondit par un grand sourire.

Hé ben voilà, on y arrive !!

Elle s'assit à côté de notre rebelle-deservice et entreprit d'essayer de continuer sur sa voie :

Alors, tu te souviens de tes parents ? Comment ils étaient ? Et ton chat ? T'as des fréres et soeurs ? Des amis ?

Mais plus elle posait ces questions, plus une boule au niveau de son estomac grandissait.

" Je..."

Ezequielle chercha dans sa mémoire des brides de souvenirs, mais à cet instant, tout lui parut flou. Comme si une gomme était venue effacée des morceaux de sa mémoire. Baissant les yeux, confuse, la jeune femme ne sut que répondre à son amie...Mais elle tenta pourtant de formuler ce qu'elle ressentait à ce moment précis.

" Je...Je ne sais plus...Je sais juste que ma mère était malade, que j'aais une meilleure amie formidable...et que j'aimais mon chat. Mais je ne me souviens pas du reste. C'est comme si...comme si quelqu'un était entré dans ma tête et avait éliminé une à une les personnes, les moments qui m'étaient chers..."

Relevant le regard, elle remarqua le visage de plus en plus défait de son amie, et comprit à ces questions que chez elle aussi...quelque chose clochait.

" Tu vis la même chose n'est ce pas? "

Ama hocha légérement la tête, soudain pâle comme un linge.

Moi aussi...

Elle attendit quelques instants, sentant la brise caresser son visage, ses cheveux voleter au vent, avant de reprendre.

Moi aussi, je ne me souviens plus de mes parents. Des cheveux, des bribes de paroles, c'est tout ce qu'il me reste d'eux... Par contre, je me souviens très bien de mon frère... Des choses et d'autres... Y compris des choses que je n'ai jamais vécues...

Elle se prit la tête dans les mains, et essaya d'endiguer le flot de paroles qui montait en elle, ainsi qu'une vague sensation de mouillé contre sa joue.

Je me souviens qu'il m'a donné la pierre que je porte incrustée dans le bras, alors que je l'ai depuis ma naissance... Je me souviens qu'il m'a accompagné lors de mon premier jour d'école, alors qu'il n'était pas encore né... C'est comme si quelqu'un s'amusait à jouer avec mes souvenirs, comme s'ils les réécrivaient dans un but que lui seul comprend... Je me souviens, je me souviens... De TOUT !

Elle avait hurlé ce dernier mot, et pourtant elle resta immobile quelques secondes, les bras tendus le long du corps, comme elle avait hurlé ce mot aux cieux, à la Terre et au monde entier. Un simple mot. Tout. Mais qui la laissa anéantie, un flot de larmes parcourant son visage.

Voir son amie dans un tel état, laissa Ezequielle sans voix. Ama n'était pas une personne qu'elle connaissait depuis longtemps. Mais le simple fait qu'elle en soit venue à s'inquiéter pour elle l'avait énormément touchée- même si rien n'était dévoilé.
Alors, quand celle-ci se mit à hurler en versant des larmes, la jeune femme ne sut que se lever pour s'installer à ses côtés et la prendre dans ses bras- la bercer en lui caressant lentement les cheveux- lui parler avec une voix tendre afin de la rassurer.
Cette scène perdura durant quelques minutes où le cri avait laissé place à un silence mortel.

Puis, délicatement Ezequielle se défit de l'étreinte ( se surprenant d'elle même étant donné que ce n'était pas son genre d'être aussi...gentille? compatissante?) avant de prendre le menton d'Ama entre son index et son pouce et le relever afin que son regard se plonge dans le sien.

" De quoi te rappelles-tu exactement? "

Ama regarda dans le fond des yeux de son amie, et ce qu'elle y vit lui fit détourner le regard.
Des larmes continuaient encore à couler sur ses joues, mais la "crise" semblait s'être arrêtée, etc e ne fut plus qu'avec un hoquet qu'elle répondit :

C'est comme si on essayait de me faire tomber amoureuse de mon frère...

Ezequielle déglutit. Elles ne venaient pas du même monde, mais il était clair que faire tomber une sœur amoureuse de son frère n'était normal pour personne. Même si c'était un petit bonhomme vert.
Néanmoins, une chose la turlupina. Comment était-ce possible de faire entrer des souvenirs dans l'esprit de quelqu'un et lui faire croire qu'ils soient vrais? La magie, l'ésotérisme ou autre pouvait faire de grandes choses. La preuve, elle-même possédait la faculté de générer de l'électricité ou de changer la météo. Mais de là à transformer la mémoire de quelqu'un...

" Que la mémoire s'altère dans ce monde, je l'admets totalement. Mais comment peut-on modifier à tel point la mémoire de quelqu'un? "

La seconde question, elle ne la lui posa pas. Il était inutile d'accentuer la chose et puis...Ezequielle savait très bien qu'Ama ne saurait quoi répondre.

* Dans quels buts quelqu'un ferait-il ça? *

Ama se cramponna encore plus au col d'Ezequielle et murmura doucement, tellement doucement qu'elle ne l'entendit pas, en premier lieu.

Je fais quoi maintenant ?

Elle se cramponna ENCORE plus à Ezequielle.

Dis-le moi !!

Elle avait hurlé ces derniers mots. Tout se mélangeait dans sa tête, la folie s'emparait peu à peu d'elle., et elle ne savait plus qui était qui. Celle à qui elle s'accrochait pouvait tout aussi bien être une ennemie. Tout tournait autour d'elle, à une vitesse folle, et soudain Ama en eu assez. Elle lâcha Ezequielle et se tordit en arrière. Puis elle... " restitua généreusement son déjeuner", selon mon expression.

Lorsque Ama régurgita, la jeune femme détourna le regard. Elle ne pouvait plus supporter ce spectacle qui se déroulait devant ses yeux. Trop de souvenirs l'atteignaient, même si au final, elle ne se souvenait de rien. comment était son père? De quelle couleur étaient les yeux de sa mère? Quelle beauté possédait le sourire de Minia? Tout...tout était effacé. Jusqu'au surnom de son chat...S'appelait-il Mistigris? Ou Salem? Elle n'en savait rien...

Cependant, Ezequielle savait qu'elle ne pouvait laisser sortir ses émotions. A l'heure qu'il était, il était plus important d'aider son amie que se focaliser sur son petit nombril. La jeune apothicaire attrapa une bouteille d'eau rangée dans sa besace, et la tendit à Ama.

" Pour commencer, boit de l'eau, ça te fera du bien, ensuite on se lèvera et tu iras t'allonger dans la remise de ma boutique. Tu as besoin de sommeil"

Ezequielle ignorait si la jeune fille accepterait, mais elle n'aurait pas le choix. Ou du moins, elle ne le lui laisserait pas.

Ama regarda lentement autour d'elle, comme si elle ne reconnaissait plus rien. Puis elle aperçut la bouteille qu'Ezequielle lui tendait.

Pour commencer, boit de l'eau, ça te fera du bien, ensuite on se lèvera et tu iras t'allonger dans la remise de ma boutique. Tu as besoin de sommeil.

Sans aucun signe avant-coureurs, elle chopa ( Oui, oui, elle l'a chopée, par attrapée...) la bouteille et la vida d'un trait, avant de la lancer par-dessus son épaule. Puis elle fondit en larmes.